mardi 30 juin 2015

Cartahu fait peau neuve à Gdansk


A peine arrivé dans les environs de Gdansk (à 7 km de la ville), Cartahu est transféré d'une remorque à une autre. Cette deuxième remorque, calée au fond du club nautique national polonais, sera notre perchoir pour quelques jours. Nous partageons une dernière bière avec Jerzy et commençons à gratter la coque. Mission : enlever les deux anciennes couches d'antifouling, mais épargner le gelcoat bleu fragile qui est juste en dessous. Et débarbouiller la dérive des moules, chapeaux chinois, algues & Cie qui y ont élu domicile. Rabots, ponceuse et perceuse sont nos meilleurs amis. Après deux jours de combat, pendant lesquels nous avons plus l'air de ramoneurs que de marins, le gelcoat bleu reprend assez de terrain pour que l'on décide de commencer à peindre. La facture pour les pots de primaire, antifouling, et couche de protection de la quille est salée (200 euros pour nos 14 m² de coque) et on s'applique pour faire un bel antifouling. Gonzales prend également un coup de jeune : il subit un check up complet et le joint principal du moteur est remplacé (et le portefeuille s'allège de 200 euros supplémentaires.)
Avant (on a commencé à travailler sur la coque mais la dérive est à l'état de jungle marine)

Après

Les Polonais sont très sympas, on arrive toujours à se faire prendre en stop pour rentrer au club nautique et certains nous font découvrir la gastronomie locale (poisson fumé et bières artisanales, miam!). 
Bières artisanales polonaises - yummy
Entre deux couches d'antifouling, on fait un saut à Gdansk, encore une ville où la brique est à l'honneur (même la cathédrale est en brique!) Le centre ville est très bien conservé. En périphérie, la zone des anciens docks est en mutation, certains vieux bâtiments sont en train d'être déconstruits, d'autres sont le siège de la culture alternative de la ville. Un grand parc au milieu duquel est planté un énorme bâtiment à l'allure de paquebot rouillé célèbre le mouvement Solidarnosc.
Près de la très chic marina de Gdansk

Sombre & somptueux

La gare - elle est tellement belle qu'il parait qu'un architecte Japonais a fait la même à Tokyo!

Grues ou grillons?


Flying Cartahu en route vers le Nord


Une fois Cartahu démâté, puis hissé et harnaché sur la remorque, nous voici partis vers le nord, à bord du Transporteur VW de Jerzy et tirant notre maison derrière nous. Il y a de la vie sur la coque de Cartahu, et une effluve d'algues et de moules nous suit sur la route. Le convoyage terrestre dure 72 h pendant lesquelles nous parcourons plus de 2000 km. Quelques heures après notre départ de Grèce, après avoir traversé la Macédoine, nous faisons halte en Serbie pour la nuit, au bord d'un lac à 1200 m d'altitude. Il fait moins de 10°C, des petits nuages de buée sortent de nos bouches quand on discute, on a l'impression d'avoir changé de saison en une journée, on s'emmitoufle à nouveau comme en hiver. On se réveille au milieu des sapins, au-dessus d'un lac scintillant sous le soleil. 
Cartahu à 1200 m d'altitude (+2 m pour la remorque)
Le lendemain, Cartahu file au dessus des routes hongroises et slovaques. Le surlendemain, l'équipe s'arrête pour profiter des eaux thermales slovaques, ça fait du bien de faire quelques brasses après un jour et demi de route. Le soir surprend Cartahu dans la magnifique ville gothique de Torun, au bord de la Vistule, où nous dégustons nos premières vodkas. Enfin, le sur-surlendemain, nous arrivons à destination après une escale à Malbork, le plus grand château fort d'Europe, construit par les chevaliers teutoniques, tout en briques. 
Malbork
Malbork

Les passages des frontières hors espace Schengen se passent sans difficulté. Nous rencontrons deux douaniers zélés. Le premier veut vérifier la similitude entre le numéro de série sur la coque et sur les papiers du bateau ; malheureusement, les affaires maritimes ont oublié de remplir la case « numéro de série » ! Mais notre douanier, quoique contrarié, nous laisse quand même passer. Le deuxième souhaite faire une fouille de Cartahu. Il se hisse difficilement à bord, passe la tête à l'intérieur du bateau et perd courage en voyant l'empilement de voiles, moteur, et autre bric à brac qui a profité des nids de poules pour valser dans le bateau.

samedi 20 juin 2015

En vadrouille vers l'Est : Géorgie - Turquie


Arrivés début juin à Thessalonique, il nous restait une vingtaine de jours avant le transport terrestre de Cartahu jusqu'en Baltique. Trop peu pour passer les Dardanelles, le Bosphore et rejoindre la mer Noire avec Cartahu du fait des conditions météorologiques. Mais l'Est nous faisait de l’œil, et nous voici embarqués pour Tbilissi à bord d'un sympathique bus géorgien. Nous sommes les seuls « occidentaux » du bus, le reste de l'équipage et des passagers, pour la plupart géorgiens (et également quelques arméniens), sont au petit soins pour nous, même si la communication est souvent ardue. Les géorgiens sont adorables, nous offrent nourriture et conseils à profusion, le thé et le café coulent à flot et le bus est même doté d'une connexion wifi en Turquie et d'un prise 230V. Bref, les 45h de bus passent sans que l'on ne s'ennuie, et on a même pu dormir presque confortablement (plein de place pour les jambes et bus à moitié plein permettant de s'étaler). On passe au total 9h aux postes frontières (7h à la frontière greco-turque et 2h à la frontière turco-géorgienne). On apprécie d'autant plus l'espace Schengen après cette expérience, et on admire la patience des Géorgiens qui attendent sans broncher. Finalement, on arrive à Tbilissi deux jours après notre départ, fourbus mais heureux de retrouver Rélie et de découvrir ce pays dont on nous a tant conté dans le bus. 
Après deux jours à Tbilissi, nous voilà déjà repartis vers le Sud du pays, en route vers la frontière turque. Nous nous arrêtons à Gori -la ville natale de Staline, située tout près de la ville troglodytique dUpliststikhe, Borjomi réputée pour ses eaux minérales, et Akhalstikhé, ville connue pour sa citadelle refaite à neufd'où est originaire la famille d'Aznavour (minorité arménienne importante).  Nous trouvons à chaque étape des guest houses à l'accueil chaleureux et au prix tout à fait raisonnable.
Depuis Akhalstikhé, nous cherchons à rejoindre la ville de Kars, à l'Est de la Turquie. La ligne de train ne fonctionnant pas sur ce tronçon et les (mini)bus ne desservant pas cet itinéraire, nous profitons des services d'un taxi arménien qui nous amène jusqu'au poste frontière. Celui-ci est tout petit et l'entrée en Turquie se fait rapidement et sans encombre. On nous parle d'un bus qui pourrait nous rapprocher de notre destination, mais aucune trace ni du bus ni d'un arrêt dans les environs... On se dépêche donc de rattraper la seule voiture que l'on a vue passer la frontière pour lui demander de nous rapprocher un peu de notre objectif. C'est à bord d'une voiture anglaise immatriculée en Biélorussie et conduite par un azerbaïdjanais que nous arrivons à Kars, beaucoup plus rapidement que l'on aurait pu le croire dans nos rêves les plus fous. La communication est un peu compliquée (en russe!) mais le paysage est somptueux (moyennes montagnes d'un vert éblouissant). A Kars, après avoir rejoint le centre conduits par un papy turc, nous dégottons un petit hôtel où nous buvons les premiers (d'une longue série) thés turcs. On nous offre des pâtisseries turques et on parle grâce à Google Translate. Le lendemain matin, nous montons dans le Dogu Ekpresi, un train pas si express que son nom l'indique qui nous amène en 24h jusqu'à Ankara. A Ankara, nous nous faisons masser - scruber - mousser au hamman Sengul (contribution Valou: "à un moment, y a un moustachu qui te gratte les fesses avec un gant-éponge, j'ai adoré"), visitons le mausolée d'Atatürk (contribution Valou: "c'est grand") et grimpons jusqu'à la citadelle (contribution Valou: "c'est haut"). Nous quittons Ankara le soir même à bord d'un bus pour Istanbul. Mauvaise pioche pour le bus, des bébés hurlants sont à portée de nos oreilles et la nuit sera plus blanche que reposante. Istanbul nous voit arriver les yeux cernés, les effets du hammam complètement estompés. Après quelques heures d'errance dans Istanbul, nous arrivons dans le quartier de Fatih, où nous posons nos bagages avant de repartir visiter la ville. Nous avons notamment emprunté le tunnel ferroviaire sous le Bosphore (1,4 km de long, 60 m de profondeur, construction anti-sismique - projet "Marmaray").

Trêve de mots, voici des photos:
 
45h de bus? même pas peur! nous sommes armés d'une dizaine de films et d'un pot de pop corn XXL!

Tbilissi vue d'en haut



Les Géorgiens, pros des balcons et persiennes finement travaillés


Le fameux pain géorgien: "lavash"

Gori (ville natale de Staline). Des guerriers géants estropiés gardent la citadelle...

Gori, à l'intérieur de la citadelle. L'herbe est-elle plus verte qu'ailleurs?

Valou l'explorateur s'extirpant de la citadelle par la sortie officieuse
La citadelle vue d'en bas
Gori - l'ancien marché couvert qui a perdu son toit

Upliststikhe, place forte troglodytique sur la route de la Soie, habitée depuis 1000 av. J.C.
Upliststihke - "la salle de la colonne", taillée dans la roche
Upliststikhe - un mystérieux cube de roche volcanique élu par les escargots
Upliststikhe
Borjomi - les restes de la citadelle au milieu des sapins
Borjomi - ses maisons cossues aperçues à travers un pont alambiqué
Borjomi - les jeux d'enfants abandonnés donnent un côté enchanteur à la forêt...
Borjomi - un schtroumpf dans sa hutte
Akhalstikhe - au coeur de la citadelle de Rabati
Akhalstikhé - Rabati
Akhalstikhe - Rabati
En Turquie, juste après le passage de la frontière
Bis
Kars, du haut de la citadelle
Kars - la citadelle et un ancien hammam
Kars - ancien hammam vu de l'intérieur. On a croisé de nombreux pigeons et une créature poilue qui s'est enfuie dans l'un des trous du sol
Kars - la préparation du fameux thé turc
Le Dogu Ekpresi: Kars-Ankara en 24h (on dépasse parfois les 20 km/h...par le bas)
Nos billets pour le Dogu Ekpresi. L'employé qui nous les a vendus a fait preuve d'une grande originalité pour nos noms :-)
A bord du Dogu Ekpresi: le spectacle des montagnes d'Anatolie
Encore un thé dans le wagon bar du Dogu Ekpressi
Ankara - le mausolée d'Atatürk perché sur une colline surplombant la ville
Ankara, mausolée d'Atatürk - un employé bichonne un garde (on s'est longtemps demandé s'il ne s'agissait pas d'une statue mais il a bougé les cils)
Ankara - le vieux centre historique tout neuf qui sent encore le bois frais
Ankara - derrière la citadelle et le vieux centre bien léché, la ville offre un tout autre visage
Une grenouille à Istanbul
Istanbul colourful  arc-en-escalier

samedi 13 juin 2015

Fin de l'Odyssée grecque


Voilà, c'en est fini des gyros et des moussakas, Cartahu a achevé son périple méditerranéen avec une dernière étape grecque à Thessalonique.
Il en a vu de l'eau et des îles, ce petit bateau bleu, depuis le dernier post écrit depuis l'île de Kea (Cyclades).

Il s'est tout d'abord aventuré entre l'île d'Evia et la Grèce continentale, où il a navigué quelques jours. Cette navigation a été ponctuée d'un bon coup de vent, du passage du pont le plus cher rapporté à sa taille, (Chalkis), des bains chauds en pleine air dans les eaux thermales de Loutra Aidhiysou, d'une baignade utile pour enlever la barbe de Cartahu, du plongeon audacieux du capitaine pour ramener l'ancre à bord (coincée par une autre ancre au fond du port) et de multiples rencontres d'autres aventuriers de la mer.
Capitaine Shadoko contrôle la bonne marche du navire depuis les haubans

Sorti de ce canal « ON/OFF » (au vent à décoiffer les bigoudènes succède une absence totale du moindre souffle d'air – on aura pu tester les prises de ris sur notre nouvelle GV et vérifier que le moteur se porte bien), Cartahu a rejoint les Sporades. Les îles de Skopellos, Alonisos et Kyra Panagerias ont vu passer Cartahu. Sur cette dernière île, dont les habitants permanents sont un moine, un gardien et un troupeau de chèvres sauvages, Cartahu a profité du mouillage le plus tranquille qu'il n'ait jamais vu jusque là. Une crique en forme de cœur aux eaux turquoises l'a accueilli pour la nuit, et les deux huluberlus sont partis en expédition sur l'île déserte et aride, au péril de leurs mollets (pas facile pour des petits citadins de se faufiler parmi les bruyères sans sentier ;-)).
Kyra Panagerias - non ce n'est pas une carte postale photoshopée, c'est bien Cartahu !

La dernière traversée méditerranéenne a conduit Cartahu jusqu'à la péninsule chalcidique. Arrivé sur « le deuxième doigt » (Sithonie), Cartahu est remonté peu à peu jusqu'à Thessalonique en s'arrêtant en chemin à Porto Korfos, Neos Marmaras (port gratuit fin mai, avec eau et électricité ! Mais gare aux pieds, qu'ils ne passent pas à travers le ponton, endommagé par endroits… et attention également au brise lames à l'entrée qui s'est scindé en plusieurs parties!), puis coupant dans la partie supérieure du « premier doigt » (Kassandra), là où les bateaux ayant un tirant d'air de plus de 16 m ne peuvent s'aventurer (vivent les petits bateaux!). Nous sommes finalement arrivés à Thessalonique le vent dans le dos, profitant d'un dernier coucher de soleil en Méditerranée avant de s'amarrer, heureux, dans la marina d'Aretsou. 
Neos Marmaras et ses bouts de brise-lames
 
Petite taverne proche du canal de Kassandra