mercredi 22 juillet 2015

Lituanie- Lettonie - Estonie


La traversée entre Hel et Klaipeda se déroule bien. Peu de vent mais une mer parfaitement plate. Les seules créatures que nous croisons au large sont des insectes volants (mouches, drosophiles…) attirés par la couleur blanche des voiles et qui viennent se reposer sur le bateau. La nuit, le ciel reste très clair ce qui est pratique pour la navigation mais qui l'est moins pour regarder les étoiles. Fini, les ciels bleus sombres parsemés d'étoiles que nous avions en Grèce et en Italie par beau temps.
Nous arrivons à Klaipeda dans la matinée sous une chaleur qui devient rapidement écrasante après la nuit fraîche passée en mer. Nous négocions notre place au port, plein selon le harbourmaster, car de nombreux danois sont attendus dans le cadre d'une croisière en Baltique avec une vingtaine de voiliers. Mais on trouve toujours de la place pour Cartahu et nous finissons par pénétrer dans le « port du chateau » (sans château mais la colline sur lequel il était perché est toujours là, au milieu du port, ce qui lui donne une forme originale et nous offre une bonne protection contre le vent). 
Port de Klaipeda, qui reste très calme même quand le vent souffle fort
Nous sommes contents d'être amarrés dans ce port, car dès le lendemain, le vent et la mer se lèvent pour une semaine. Klaipeda est le port principal de Lituanie (les deux autres ports sont petits et plutôt destinés aux pêcheurs). C'est une ville agréable, avec de nombreuses rues pavées et qui a conservé quelques bâtiments anciens. La ville se situe à l'entrée de la lagune de Courlande, qui s'étend au-delà de la frontière russe. Nous traversons vers le bras de terre qui la sépare de la mer. La plage et la forêt sont magnifiques.
Klaipeda - la plage au sable blanc et fin, modelé par le vent et recouvert par endroits d'une poudre sombre dont nous n'avons pas réussi à deviner la nature...

Klaipeda - en bordure de forêt, l'herbe... rose!
Tout près du port, nous découvrons un petit restaurant végétarien / végétalien (Laimes Skonis) à l'ambiance zen et aux plats délicieux et bon marché, qui deviendra notre cantine pendant notre séjour : notre bouteille de gaz est vide, et impossible de l'échanger contre une pleine ou de la faire remplir sur place (en consultant le site de Camping Gaz, on observe en effet une rupture franche à la frontière germano-polonaise : à l'Est, peu ou pas du tout de revendeur, sauf à Riga, Helsinki et quelques villes suédoises…). 
Nous profitons du coup de vent pour nous aventurer dans les terres : nous visitons Kaunas (capitale de la Lituanie entre 1920 et 1940) et Vilnius.
Kaunas - flying bikes

Kaunas - notre première grande-roue de notre vie pour (ok, on n'a certes pas une vue panoramique sur la ville de là-haut mais on peut observer les mécanismes soviétiques robustes et immuables ce qui est très intéressant aussi :-))

Entre Kaunas et Vilnius - maison coup de coeur de l'autre côté des rails

Vilnius, côté moderne de la ville

Vilnius - la brique et le gothique

Nous repartons ensuite ainsi qu'une flotte de bateaux danois, en direction de la Lettonie. Parti dans le premier peloton, Cartahu voit progressivement tous les bateaux danois le doubler et finit bon dernier. La mer est encore un peu formée, il y a pas mal de vent, mais malheureusement on l'a dans le nez. On remonte au vent sans tirer trop de bords, mais la navigation est assez inconfortable à cause de la gîte et des vagues. Impossible de se reposer dans ces conditions. Le vent disparaît en même temps que le soleil, mais les vagues subsistent pendant la nuit. On finit par arriver à Ventspils après 25h de navigation, très fatigués. La ville est très jolie, avec de nombreuses maisons en bois près du port et un centre-ville assez soigné. Malheureusement, on n'en profite pas beaucoup : Valère part en mission gaz à Riga et Guéno fait les recharges d'essence et de victuailles. Ce sera notre seule halte en Lettonie : le jour suivant, nous partons vers les îles estoniennes au large du golfe de Riga. Nous faisons halte à Montu sur l'île de Saaremaa, puis sur l'île de Muhu et finalement sur celle de Hiiumaa. On dit de ces îles qu'elles sont restées telles qu'elles étaient avant la période soviétique. On profite d'épisodes orageux pour visiter l'île de Hiiumaa : beaucoup de forêts, des fraises des bois en bordure de chemin et des maisons en bois colorées. C'est très beau et il y a assez peu de touristes. Les ports sont souvent équipés d'un sauna: ça y est, on se sent vraiment dans le Nord. Nous discutons avec des Finlandais très sympathiques qui nous donnent de nombreux tuyaux sur les archipels de leur pays.
Récolte de fraises des bois à Heltermaa (Hiiumaa, Estonie)

L'autre visage de Heltermaa, port à ferry. En arrière plan les cumulonimbus qui nous ont conseillé de ne pas tenter la traversée vers Tallinn de nuit. Ils exploseront dans la soirée avec quelques éclairs.

Port d'Heltermaa

Kardla, "capitale" de l'île de Hiiumaa.

Kardla, après l'orage le ciel bleu.

Kardla - mais à quoi sert cette petite maison qui dépasse de cette butte verdoyante?
 Nous partons enfin sur Tallinn, avec un bon vent dans le dos qui nous permet de garder le spi sur une bonne partie des 80 MN. Nous allons tellement vite que nous doublons même d'autres voiliers (une grande première!). Nous arrivons trempés mais avant la nuit dans le port de Tallinn (Pirita Olympic Marina) et changeons le lendemain pour le club nautique Kalev (juste un peu plus loin au fond du même bassin) beaucoup moins glauque que la marina et mieux abrité. 
Tallinn - détail d'une église

Tallinn - sous un ciel menaçant

Tallinn - le clocher rapiécé de l'église St Olaf

Welcome to Hel - baptème de la Baltique


Notre première navigation en Baltique nous amène à Hel, le « finistère » de la Pologne, petit bras de terre qui s'avance bravement dans la mer. C'est un site apprécié des Polonais et dont l'activité principale semble être la fréquentation des restaurants et bars qui pullulent dans la ville. Cette première navigation nous récompense des quelques jours de travail passés à refaire l'antifouling : le bateau glisse sur l'eau, et un brin d'air suffit à le faire avancer. On s'esclaffe devant la vitesse indiquée par le speedo, avant de se rendre compte que celui-ci est devenu un petit peu trop optimiste.
Hel est le port le plus proche de Klaipeda, en Lituanie (environ 100 MN), notre prochaine destination. En Pologne, on nous a vivement déconseillé de nous aventurer dans les eaux territoriales russes (au risque de rencontrer des gardes côtes peu affables et de visiter les prisons locales). Nous garderons donc nos distances par rapport aux côtes russes de Kaliningrad (12 MN). Les eaux territoriales russes au large de Kaliningrad sont bordées par une zone régulée, dite « aire 117 ». Cette zone est parfois fermée à la navigation et oblige les plaisanciers en route vers la Lituanie à faire un long détour. Nous avons de la chance, la voie est libre le jour où nous voulons passer (information au sujet de l'aire 117 disponible sur le site suédois : www.sjofartsverket.se).