La traversée entre Hel et
Klaipeda se déroule bien. Peu de vent mais une mer parfaitement
plate. Les seules créatures que nous croisons au large sont des
insectes volants (mouches, drosophiles…) attirés par la couleur
blanche des voiles et qui viennent se reposer sur le bateau. La nuit,
le ciel reste très clair ce qui est pratique pour la navigation mais
qui l'est moins pour regarder les étoiles. Fini, les ciels bleus
sombres parsemés d'étoiles que nous avions en Grèce et en Italie
par beau temps.
Nous arrivons à
Klaipeda dans la matinée sous une chaleur qui devient rapidement
écrasante après la nuit fraîche passée en mer. Nous négocions
notre place au port, plein selon le harbourmaster, car de nombreux
danois sont attendus dans le cadre d'une croisière en Baltique avec
une vingtaine de voiliers. Mais on trouve toujours de la place pour
Cartahu et nous finissons par pénétrer dans le « port du
chateau » (sans château mais la colline sur lequel il était
perché est toujours là, au milieu du port, ce qui lui donne une
forme originale et nous offre une bonne protection contre le vent).
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Port de Klaipeda, qui reste très calme même quand le vent souffle fort |
Nous sommes contents d'être amarrés dans ce port, car dès le
lendemain, le vent et la mer se lèvent pour une semaine. Klaipeda
est le port principal de Lituanie (les deux autres ports sont petits
et plutôt destinés aux pêcheurs). C'est une ville agréable, avec
de nombreuses rues pavées et qui a conservé quelques bâtiments
anciens. La ville se situe à l'entrée de la lagune de Courlande, qui s'étend au-delà de la frontière russe. Nous traversons vers le bras de terre qui la sépare de la mer. La plage et la forêt sont magnifiques.
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Klaipeda - la plage au sable blanc et fin, modelé par le vent et recouvert par endroits d'une poudre sombre dont nous n'avons pas réussi à deviner la nature... |
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Klaipeda - en bordure de forêt, l'herbe... rose! |
Tout près du port, nous découvrons un petit restaurant
végétarien / végétalien (Laimes Skonis) à l'ambiance zen et aux plats délicieux
et bon marché, qui deviendra notre cantine pendant notre séjour :
notre bouteille de gaz est vide, et impossible de l'échanger contre
une pleine ou de la faire remplir sur place (en consultant le site de
Camping Gaz, on observe en effet une rupture franche à la frontière
germano-polonaise : à l'Est, peu ou pas du tout de revendeur,
sauf à Riga, Helsinki et quelques villes suédoises…).
Nous
profitons du coup de vent pour nous aventurer dans les terres :
nous visitons Kaunas (capitale de la Lituanie entre 1920 et 1940) et
Vilnius.
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Kaunas - flying bikes |
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Kaunas - notre première grande-roue de notre vie pour (ok, on n'a certes pas une vue panoramique sur la ville de là-haut mais on peut observer les mécanismes soviétiques robustes et immuables ce qui est très intéressant aussi :-)) |
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Entre Kaunas et Vilnius - maison coup de coeur de l'autre côté des rails |
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Vilnius, côté moderne de la ville |
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Vilnius - la brique et le gothique |
Nous repartons
ensuite ainsi qu'une flotte de bateaux danois, en direction de la
Lettonie. Parti dans le premier peloton, Cartahu voit progressivement
tous les bateaux danois le doubler et finit bon dernier. La mer est
encore un peu formée, il y a pas mal de vent, mais malheureusement
on l'a dans le nez. On remonte au vent sans tirer trop de bords, mais
la navigation est assez inconfortable à cause de la gîte et des
vagues. Impossible de se reposer dans ces conditions. Le vent
disparaît en même temps que le soleil, mais les vagues subsistent
pendant la nuit. On finit par arriver à Ventspils après 25h de
navigation, très fatigués. La ville est très jolie, avec de nombreuses maisons en
bois près du port et un centre-ville assez soigné. Malheureusement,
on n'en profite pas beaucoup : Valère part en mission gaz à
Riga et Guéno fait les recharges d'essence et de victuailles. Ce
sera notre seule halte en Lettonie : le jour suivant, nous
partons vers les îles estoniennes au large du golfe de Riga. Nous
faisons halte à Montu sur l'île de Saaremaa, puis sur l'île de
Muhu et finalement sur celle de Hiiumaa. On dit de ces îles
qu'elles sont restées telles qu'elles étaient avant la période
soviétique. On profite d'épisodes orageux pour visiter l'île de
Hiiumaa : beaucoup de forêts, des fraises des bois en bordure
de chemin et des maisons en bois colorées. C'est très beau et il y
a assez peu de touristes. Les ports sont souvent équipés d'un
sauna: ça y est, on se sent vraiment dans le Nord. Nous discutons
avec des Finlandais très sympathiques qui nous donnent de nombreux
tuyaux sur les archipels de leur pays.
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Récolte de fraises des bois à Heltermaa (Hiiumaa, Estonie) |
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L'autre visage de Heltermaa, port à ferry. En arrière plan les cumulonimbus qui nous ont conseillé de ne pas tenter la traversée vers Tallinn de nuit. Ils exploseront dans la soirée avec quelques éclairs. |
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Port d'Heltermaa |
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Kardla, "capitale" de l'île de Hiiumaa. |
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Kardla, après l'orage le ciel bleu. |
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Kardla - mais à quoi sert cette petite maison qui dépasse de cette butte verdoyante? |
Nous partons enfin sur
Tallinn, avec un bon vent dans le dos qui nous permet de garder le
spi sur une bonne partie des 80 MN. Nous allons tellement vite que
nous doublons même d'autres voiliers (une grande première!). Nous
arrivons trempés mais avant la nuit dans le port de Tallinn (Pirita
Olympic Marina) et changeons le lendemain pour le club nautique Kalev
(juste un peu plus loin au fond du même bassin) beaucoup moins
glauque que la marina et mieux abrité.
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Tallinn - détail d'une église |
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Tallinn - sous un ciel menaçant |
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Tallinn - le clocher rapiécé de l'église St Olaf |