09 mars 2015,
Laurent et Olivier, nos invités pour quelques jours sont repartis
pour leurs montagnes haut-alpines. Le temps est à nouveau favorable
et nous décidons de reprendre du sud. La côte est superbe et très
préservée de l'urbanisation à outrance. Nous passons devant
Acciaroli, très joli port de pêche implanté en plein milieu d'un
village. Malgré la faible distance parcourue (14MN), nous décidons
de nous y arrêter pour la nuit. En discutant avec les locaux, le
village s'anime pendant l'été avec l'arrivée des touristes. Le
reste de l'année seuls les pêcheurs et le bar restent en activité.
Ce qui n'enlève aucun charme à l'endroit, bien au contraire.
Le lendemain, nous
repartons au petit matin bien décidés à avaler des miles. Au bout
d'une heure, une vibration se fait insistante dans le safran babord…
Oups, une équerre s'est desserrée. Il faut déposer le safran pour
tout remettre en place donc pas évident en mer. On fait ainsi
demi-tour pour revenir sur Acciaroli (il paraît qu'on revient
toujours 2 fois au même endroit?!?). Le matin suivant, nous sommes
prêts à en découdre, le vent est très bien orienté et la mer est
super belle. On envoie du spi sur 6 heures d'affilé, on a la banane
jusqu'aux oreilles et on se laisse ainsi glisser jusqu'à Cetraro
après 60MN et une belle journée de nav'.
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Cetraro, les fleurs jaunes prennent le dessus sur les ruines |
Petite pause de deux
semaines, pour que Valère puisse remonter en France et que Guénola
expérimente le wwoofing.
De retour, nous
sommes trois, puisque Léo nous rejoint pour une grosse semaine. Les
ports au sud de Cetraro sont peu nombreux, mais la côte est réputée
très belle. Nous repartons ainsi le 1er avril plein sud.
Le vent est très faible et on l'a dans le nez, sur la carte on
aperçoit un petit bassin qui n'est pas noté comme port. On
s'approche prudemment « pour voir », la mer n'est pas
trop formée mais sur les digues voisines ça déferle méchamment.
On identifie une passe d'entrée, étroite, dans laquelle quelques
vagues brisent régulièrement mais qui semble largement négociable.
On affale la grand voile et là, une petite barque à moteur sort du
port. Ce sont les pêcheurs locaux qui nous ont aperçu hésiter et
qui sont venus nous guider dans la passe ! La grande classe le
port de San Lucido Maria !
En plus de faire les
pilotes, ils nous amarrent en plein milieu du bassin, sur la chaîne
mère d'un côté et sur un chalutier d'un autre. D'après eux, la
nuit va être rude et ils avaient raisons (toujours avoir une oreille
ouverte pour les pêcheurs locaux). Vu qu'ils sont trop chouettes,
ils nous offrent ensuite 3 poissons qui sortent juste de l'eau, nous
baladent en voiture pour trouver de l'essence et font même le bateau
taxi pour nous ramener sur Cartahu (ça ne choque vraiment que
moi le cadeau des poissons frais un 1
er avril ???) !
Problème le jour suivant, ça déferle encore dans la passe d'entrée
et il est impossible d'en sortir sans risque. Finalement à la nuit
tombante, la mer se calme et on part pour une nuit de navigation,
éclairés par la lune. Notre petit moteur Gonzalès nous chante sa
mélodie pour la moitié de la route, puisque le vent se joue encore
de nous. Au petit matin, Vibo Valentia apparaît, et des canards
obèses nous accueillent joyeusement dans le port.
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Salut au soleil couchant à Vibo |
Mot de la fin par Léo, après quelques heures au moteur sur une mer ondulée:
"En fait, conduire Cartahu, c'est comme conduire un tracteur. Ca va lentement, ca bouge, et faut pas benner. On subit les reliefs."
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Léo le sage |
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Guéno la chevelue - à quoi bon utiliser de la crème solaire quand les cheveux font si bien l'affaire? |
Vient ensuite le temps d'affronter Charybde et Scylla, qui gardent le détroit de Messine. Nous avons plus de chances qu'Ulysse et le détroit se présente tout plat devant nous, Cartahu file, le vent et le courant supportant sa course jusqu'à Reggio di Calabria.
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Sur le détroit de Messine: mer plate mais tourbillonante |
Le port de Reggio di Calabria est idéalement situé entre une grande jetée de béton et une voie rapide doublée d'une voie de chemin de fer. Pas terrible, mais une fois qu'on est passé sous la voie rapide, la ville présente un aspect plus agréable, avec des bars sympas et de bonnes pizzas. On y laisse Léo et on poursuit notre chemin, toujours plus au Sud.
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"Petite" fontaine à Reggio |
La mer est belle et on en profite pour avancer: nav' de nuit sous ciels étoilés, planctons phosphorescents dans le sillage de Cartahu, dauphins rieurs jouant avec l'étrave, Lune se levant par surprise toute rouge à l'horizon au milieu de la nuit...et nous voici arrivés à Crotone (prononcez "crottes au nez") après de courtes haltes à Roccella et Le Castella.
Et l'équipage, s'étant enrichi de deux nouveaux matelots (Jalil et Claire), s'apprête à larguer les amarres pour la Grèce: direction Corfou!
bises à tous!