lundi 13 avril 2015

Cartahu lèche la botte


09 mars 2015, Laurent et Olivier, nos invités pour quelques jours sont repartis pour leurs montagnes haut-alpines. Le temps est à nouveau favorable et nous décidons de reprendre du sud. La côte est superbe et très préservée de l'urbanisation à outrance. Nous passons devant Acciaroli, très joli port de pêche implanté en plein milieu d'un village. Malgré la faible distance parcourue (14MN), nous décidons de nous y arrêter pour la nuit. En discutant avec les locaux, le village s'anime pendant l'été avec l'arrivée des touristes. Le reste de l'année seuls les pêcheurs et le bar restent en activité. Ce qui n'enlève aucun charme à l'endroit, bien au contraire.
Le lendemain, nous repartons au petit matin bien décidés à avaler des miles. Au bout d'une heure, une vibration se fait insistante dans le safran babord… Oups, une équerre s'est desserrée. Il faut déposer le safran pour tout remettre en place donc pas évident en mer. On fait ainsi demi-tour pour revenir sur Acciaroli (il paraît qu'on revient toujours 2 fois au même endroit?!?). Le matin suivant, nous sommes prêts à en découdre, le vent est très bien orienté et la mer est super belle. On envoie du spi sur 6 heures d'affilé, on a la banane jusqu'aux oreilles et on se laisse ainsi glisser jusqu'à Cetraro après 60MN et une belle journée de nav'.
Cetraro, les fleurs jaunes prennent le dessus sur les ruines

Petite pause de deux semaines, pour que Valère puisse remonter en France et que Guénola expérimente le wwoofing.

De retour, nous sommes trois, puisque Léo nous rejoint pour une grosse semaine. Les ports au sud de Cetraro sont peu nombreux, mais la côte est réputée très belle. Nous repartons ainsi le 1er avril plein sud. Le vent est très faible et on l'a dans le nez, sur la carte on aperçoit un petit bassin qui n'est pas noté comme port. On s'approche prudemment « pour voir », la mer n'est pas trop formée mais sur les digues voisines ça déferle méchamment. On identifie une passe d'entrée, étroite, dans laquelle quelques vagues brisent régulièrement mais qui semble largement négociable. On affale la grand voile et là, une petite barque à moteur sort du port. Ce sont les pêcheurs locaux qui nous ont aperçu hésiter et qui sont venus nous guider dans la passe ! La grande classe le port de San Lucido Maria !
En plus de faire les pilotes, ils nous amarrent en plein milieu du bassin, sur la chaîne mère d'un côté et sur un chalutier d'un autre. D'après eux, la nuit va être rude et ils avaient raisons (toujours avoir une oreille ouverte pour les pêcheurs locaux). Vu qu'ils sont trop chouettes, ils nous offrent ensuite 3 poissons qui sortent juste de l'eau, nous baladent en voiture pour trouver de l'essence et font même le bateau taxi pour nous ramener sur Cartahu  (ça ne choque vraiment que moi le cadeau des poissons frais un 1er avril ???) ! Problème le jour suivant, ça déferle encore dans la passe d'entrée et il est impossible d'en sortir sans risque. Finalement à la nuit tombante, la mer se calme et on part pour une nuit de navigation, éclairés par la lune. Notre petit moteur Gonzalès nous chante sa mélodie pour la moitié de la route, puisque le vent se joue encore de nous. Au petit matin, Vibo Valentia apparaît, et des canards obèses nous accueillent joyeusement dans le port.
Salut au soleil couchant à Vibo

Mot de la fin par Léo, après quelques heures au moteur sur une mer ondulée:
 "En fait, conduire Cartahu, c'est comme conduire un tracteur. Ca va lentement, ca bouge, et faut pas benner. On subit les reliefs."
Léo le sage
Guéno la chevelue - à quoi bon utiliser de la crème solaire quand les cheveux font si bien l'affaire?

Après Vibo et ses canards obèses, Cartahu fait escale à Tropea et Bagnara Calabra, jolies petites villes calabraises. Cartahu fait également connaissance avec les sympathiques gardes côtes de Gioia Tauro (le plus grand port de porte-contenairs européen!), qui invitent l'équipage pour Pâques!
Tropea

Cartahu amarré près du bateau-pompier à Gioia Tauro

Léo l'ami des chiens. Ceux-ci ont passé la nuit à garder Cartahu.

A Gioia Tauro, chez les gardes-côtes

Le soleil couchant léchant les collines de Bagnara Calabra
"Sortez pas, ça déferle à l'entrée du port!" - la gardienne du port à Bagnara Calabra
Vient ensuite le temps d'affronter Charybde et Scylla, qui gardent le détroit de Messine. Nous avons plus de chances qu'Ulysse et le détroit se présente tout plat devant nous, Cartahu file, le vent et le courant supportant sa course jusqu'à Reggio di Calabria.
Sur le détroit de Messine: mer plate mais tourbillonante
 

Le port de Reggio di Calabria est idéalement situé entre une grande jetée de béton et une voie rapide doublée d'une voie de chemin de fer. Pas terrible, mais une fois qu'on est passé sous la voie rapide, la ville présente un aspect plus agréable, avec des bars sympas et de bonnes pizzas. On y laisse Léo et on poursuit notre chemin, toujours plus au Sud.
"Petite" fontaine à Reggio

La mer est belle et on en profite pour avancer: nav' de nuit sous ciels étoilés, planctons phosphorescents dans le sillage de Cartahu, dauphins rieurs jouant avec l'étrave, Lune se levant par surprise toute rouge à l'horizon au milieu de la nuit...et nous voici arrivés à Crotone (prononcez "crottes au nez") après de courtes haltes à Roccella et Le Castella.

Et l'équipage, s'étant enrichi de deux nouveaux matelots (Jalil et Claire), s'apprête à larguer les amarres pour la Grèce: direction Corfou!


bises à tous!



1 commentaire:

  1. Merci pour ces nouvelles ! Ça fait un moment que je guettais les mises à jour... Et maintenant, la Grèce ! Bravo pour la traversée. Et vivement les photos.
    Bisous
    Véro

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