mercredi 28 octobre 2015

On redescend en France !

Markermeer, cap sur Amsterdam

Mercredi 30 septembre 2015, Guénola m'appelle depuis la France et me propose de me rejoindre quelques jours. Ce sera plus simple de se retrouver sur Amsterdam. Je largue rapidement les amarres et reprends ce super vent de Nord-Est qui me propulse rapidement jusqu'aux portes d'Amsterdam.

Entrée d'Amsterdam


Grosse écluse d'entrée d'Amsterdam - Je me sens un peu seul !


Guénola arrive dans la nuit et malheureusement pas le temps de visiter Amsterdam : un bel anticyclone est sur la Mer du Nord et promet un vent de NE de force 5 à 6 sur les 36 prochaines heures. Ensuite le vent faiblira et risque de basculer S à SW. On repart en milieu de journée et on rejoint la sortie du canal d'Amsterdam.


1 ris et génois tangonné, Cartahu enfile les surfs. Pendant ma sieste, Guénola bat le record de vitesse de Cartahu : 12.4 noeuds ! Si ça continue, Guéno va bientôt vouloir qu'on achète un mini-transat !

Guéno à la barre au petit matin


On glisse ainsi le long du Pays-Bas, on passe Rotterdam à la tombée de la nuit et le vent mollit à 4-5bf. Parfait pour bien dormir ! Au petit matin Bruges est en vue, mais on est bien et on pousse jusqu'à Dunkerque.

Back to France - L'occasion de terminer le fond d'Absinthe !
 " 3 - 2 - 1 - Goaaaaaal ! " Nous sommes à nouveau dans les eaux territoriales françaises !!! Cette balade autour de l'Europe commence à prendre sacrément forme.

Passage de la frontière française contre le courant !

Itinéraire bucolique au Pays-Bas

Standing Mast Route - http://www.pakryss.se/

Il existe au Pays-Bas un itinéraire fort pratique pour les voiliers qui souhaitent éviter un morceau de Mer du Nord : la Standing Mast Route (ou "Route des mâts debouts" ou "Staande Mast Route"). Celle-ci permet théoriquement d'emprunter des canaux avec le mât en place de Delfzijl jusqu'à Anvers. Il est déjà tard dans la saison, et je décide d'utiliser cette route pour découvrir l'intérieur de la Hollande et éviter la zone redoutée de Den Helder (là-bas, ça souffle toujours deux fois plus fort que sur le reste de la Mer du Nord).

Passage des ponts avec Pierre

Sous spi avec Sebastian

À Delfzijl, je rencontre Pierre qui descend également de Baltique vers la Bretagne, seul à bord de son voilier Moorea. Sebastian m'accompagne un jour sur les canaux. On essaye d'envoyer le spi sur le canal, mais ça ne marche pas super bien avec tous les arbres qui font des turbulences !

Gröningen


Gröningen
Le paysage est bucolique, on croise des dizaines de ponts qui s'ouvrent au fur et à mesure de notre avancée. On arrive ainsi tranquillement à Gröningen, ville super animée pleine d'étudiants. Certains ponts ne s'ouvrent qu'une fois ou deux dans la journée, je repars très tôt le lendemain pour sortir rapidement de Gröningen.

Port de pêche près d'Harlingen


On continue de se suivre avec Pierre

Le moteur chante sa mélodie toute la journée, ça devient monotone ce canal, j'ai envie de retourner en mer. Au bout de 3 jours, on ressort de la Standing Mast Route à Harlingen, on peut enfin renvoyer de la toile et éteindre le moteur !

Cliché !


Passage de la digue de l'Isjelmeer
Conditions idéales : mer plate et un gros 5 beaufort dans les fesses, Cartahu file comme un fou ! On avale quelques dizaines de miles sur l'Isjelmeer et on arrive à Enkhuizen. Grosse marina mais dans un cadre super beau : au loin les cheminées de la fumerie de poisson, les vieilles façades de plusieurs siècles et les petits canaux. C'est un peu la Hollande des cartes postales.



Beaucoup de voiliers anciens à fond plat

Isjelmeer

L'arrivée sur Enkhuizen

Facades à Enkhuizen


mardi 27 octobre 2015

Helgoland - Delfzijl

Mardi 22 septembre, on largue rapidement les amarres depuis Cuxhaven avec Sebastian. On se fait rapidement happer par le courant de l'Elbe. Cet estuaire est considéré comme difficile, avec les forts courants la mer se creuse très vite. Comme disent les habitués : "Sur l'Elbe tu peux avoir 3 soucis : du mauvais temps , du brouillard et un trafic intense . Quand tu as les trois t'es mal . Si tu en as pas alors tout va bien . ". Mais la Mer du Nord semble bien aimer Cartahu et on file au travers avec 15-20 kts de vent réel. La mer est très maniable et on ne se prend que quelques paquets d'eau dans le cockpit.

Après quelques heures de nav', on est déjà en vue d'Helgoland, île allemande au large de l'estuaire. Le courant a dû pousser très fort pour couvrir ces 35 MN si vite ! Cette île est connue pour 3 raisons, tout d'abord, pendant et après la deuxième guerre mondiale les alliés bombardèrent lourdement cette base de U-boot. La deuxième raison c'est que cette île a un régime fiscal particulier et de nombreux produits sont détaxés, d'où de nombreux allemands qui viennent acheter leurs clopes/alcool ici (ça donne une ambiance bizarre à l'île). Et enfin, la dernière : le Krebs, qui est le seul nightclub de l'île avec ses soirées super kitsch.

Mer d'huile en partant d'Helgoland. On est vraiment en Mer du Nord ?


Mer étonnement belle, vent nul, phoques à l 'horizon, on met le cap sur Norderney. Cette île appartient à l'archipel des Frisian allemandes. Ces îles sont bordées de forts courants et de bancs de sable se déplaçant d'une année à l'autre. On y passe 2 jours à se balader, il y a pas mal de monde pour la saison, mais l'île reste assez calme pour une petite promenade en tandem entre mecs.

Sebastian bombe le torse, grand capitaine de Lumumba


Vendredi 25 septembre 2015, l'objectif est de rejoindre dans la journée le port de Delfzijl en passant entre les Frisian et le continent. Cette route comporte entre autre, deux bancs de sable qui assèchent complètement à marée basse. Le jeu consiste donc de passer le premier à marée haute, puis trouver une bassine pour ancrer avant la marée basse et passer ensuite le deuxième banc de sable à la marée haute suivante. Toute une mission, surtout avec le vent soutenu prévu.

On attend tranquillement derrière le banc de sable



On trace une route aussi précise que possible, en gardant en tête que l'on ne possède pas les cartes à jour et qu'on aura probablement des surprises sur place. Et... tout se passe comme prévu. On serre juste les fesses quand on se retrouve à 8kts sur le fond et seulement 1m d'eau sous la quille alors qu'on en attendait plutôt 2 ou 3m.

Absinthe/Spi sortis !

Pour fêter la réussite de notre stratégie et l'entrée en eaux territoriales néerlandaises, on envoie le spi et l'absinthe !

09 au 15 septembre : Descente de la Baltique, Cap vers Kiel !


Archipel danois - 09 semptembre 2015

Seul entre les îles - Sous génois tangonné

L'archipel danois est très différent de la Suède : les îles sont très plates, sableuses avec de nombreuses zones sans fond. Après l'île de Møn , je déambule entre les îles pour atteindre Vordingborg, petite ville très calme très fière de sa tour historique appelée Gåsetårnet.

Gasetarnet - Vordingborg

L'île de Vejrø - Attention, 50 euros la nuit au port ! (que nous n'avons pas payé...)

Claire, une amie qui prévoit de partir autour du monde à la voile avec son copain Jalil, me rejoint pour une petite semaine. On continue de se faufiler entre les îles de l'archipel, manque de se manger un pont trop bas pour le mât de Cartahu et on arrive à Kiel. La ville est surtout connue pour son canal (Nord-Ostsee-Kanal) qui permet de rallier la Mer du Nord à la Baltique sans devoir passer au Nord du Danemark, soit un sacré raccourci !

Kiel, près de l'écluse d'entrée du Canal



Canal de Kiel - Source : http://www.joc.com
Le canal fait une soixantaine de miles nautiques (environ 100km) et est aujourd'hui emprunté par plus d'une centaine de navires par jour ! Les bateaux de plaisance sont autorisés à l'emprunter à bas coût (17 euros pour un Cartahu) mais on sent bien que les installations ne sont pas dimensionnées pour nous !

Passage de l'écluse de Kiel - on n'en voit que 10% !

L'immeuble derrière ce mur, c'est un paquebot qui passe dans l'écluse voisine !


Après 2 jours de moteur avec le vent dans le nez, on en ressort à l'écluse de Brunsbüttel, qui permet de rejoindre l'Elbe. Mieux vaut bien préparer sa navigation sur l'Elbe avant de passer l'écluse, les courants de marée atteignent facilement les 5 noeuds !

On quitte l'écluse à l'étale de haute mer pour ne pas se faire surprendre et on se laisse porter gentiment par le courant jusqu'à Cuxhaven, dernier abri sur l'estuaire de l'Elbe. L'entrée de nuit dans le port de Cuxhaven est Rock'n Roll : 4.5 noeuds de courant traversier dans un passage étroit et très sombre. Ouf !

LE night club de Brunsbüttel. Dommage que ce soit fermé...


Claire débarque pour rentrer en France visiter des bateaux en vue du voyage. Et Sebastian, le pote allemand qu'on a rencontré en Finlande monte à bord de Cartahu pour quelques jours. Il connaît bien la mer du Nord et sera d'une grande aide pour bien éviter les petits pièges locaux.




Sud de la Suède


Kalmar, 26 août 2015, Guénola débarque de Cartahu pour rentrer en France et commencer une nouvelle année d'études. Quel vide sur Cartahu après un an à naviguer tous les jours ensemble !
Mais pas le temps d'avoir le blues, ma soeur Elmire et son presque-mari arrivent pour 10 jours de navigation. Les conditions en mer sont plutôt fortes pour l'amarinage de mon nouvel équipage, on profite du coup de ce repos forcé pour visiter l'île de Oland. L'île, habitée par l'homme depuis 5000 ans, présente un grand plateau calcaire en son centre. On se sent tellement loin de la Baltique, des vagues et embruns !

Romain se produit pour la première fois sur scène en Salsa

Départ de Kalmar

Le vent de Sud faiblit à une vingtaine de noeuds, il est temps de hisser la grand voile à 1 ris et d'envoyer le foc de brise, direction Kristianopel à une trentaine de miles.

Au près, Elmire à la barre

On s'amarre entre un beau Ketch allemand et un gros voilier rouge de baroudeur en ferro-ciment, qui s'avère être français ! Son propriétaire, Patrick est un bûcheron suisse. Bûcheron certes, mais bûcheron C-I-V-I-L-I-S-E comme il le dit lui-même. Il a sacrément voyagé dans sa vie : après une traversée du golfe de Gascogne dans la tempête sans expérience de navigation, il a ensuite failli couler au large du Portugal après avoir cassé son bateau en deux ! Ça ne l'a pas empêché de racheter un voilier mieux conçu et de partir en famille pour une sacrée balade en Atlantique, puis d'acheter un van et se faufiler au moyen-orient en plein milieu de la révolution iranienne de 1979 ! Il navigue maintenant tranquillement au Nord de l'Europe, avec en tête le passage du Nord-Est !  Pour le plaisir, il gère également une asso de micro-édition suisse.

On repart de Kristianopel avec un super livre en moins (Le grand voyage de la vie de Tiziano Terzani) et une invitation en Suisse de plus !


Karlskrona

Prochaine étape, la ville de Karlskrona connue pour ses installations navales et la construction de navires depuis 1680. Elmire et Romain s'habituent au bateau et on repart sous un ciel très chargé vers la toute petite île de Hanö (2.1 km² !). Alors que nous sommes à moins de 5MN du port, l'île disparaît régulièrement sous les grains successifs.




2 jours à attendre que le temps s'améliore. La météo nous fait clairement comprendre que l'été en Baltique est terminé ! On explore l'île, dont la population de rennes est largement plus élevée que celle d'humains !


On repart pour Ahus, toute petite ville industrielle qui abrite la fabrique de l'Absolut Vodka ! Eh oui, nous ça nous a bien surpris d'apprendre que l'Absolut est une vodka suédoise. Bon ça ne la rend pas meilleure...
Poêle à bois Absolut Vodka !

Le lendemain, on navigue encore sous un ciel très sombre et on prend un orage de plein fouet. On passe de pétole-moteur à directement 2 ris et foc de brise, on planque l'électronique dans la cocotte-minute qui agit comme cage de Faraday et on regarde les éclairs zébrer le ciel au dessus de nos têtes. Finalement, l'épisode passe en trente minutes et on accoste dans le port de Simrishamn sous le soleil.

Petit choco post-orage à Simrishamn

Romain et Elmire quittent le bord, cette fois, je suis vraiment seul. Je décide de profiter des connexions ferroviaires pour visiter Copenhague, à seulement 2h de Simrishamn.

Trois jours plus tard, le vent se stabilise à nouveau au Nord-Est force 5-6, je fais donc le choix de partir au portant directement pour l'archipel danois. Mon objectif est d'atteindre l'île de Møn, à un peu plus de 80MN. Pour m'assurer un atterrissage de jour dans ces coins plein de pièges posés par les pêcheurs (filets fixés à des poteaux de bois et non signalés de nuit, sympa !), je prends la mer tard dans l'après-midi. Je passe ainsi la nuit en mer, à zigzaguer dans le gros traffic de cargos. Mon hydrogénérateur de Watt&Sea tourne tranquillement, je peux donc laisser le pilote automatique barrer tout du long. Confort total !

Au portant en quittant la Suède



Les falaises blanches de Møn

Au petit matin, je longe les falaises de l'île de
Møn puis de belles plages de sable fin et croise de nombreux filets à l'approche du port de Klintholm. Nous sommes le 09 septembre 2015, bienvenue au Danemark !